L'extraordinaire engouement pour les JO de Paris s'est traduit par des audiences télé record. La cérémonie d'ouverture a attiré 22 millions de "sportifs" et 17,1 million pour  la cérémonie de clôture.

Et que dire des 11,8 millions de téléspectateurs pour la finale de rugby à 7, un sport peu connu de nos compatriotes et des 15 millions pour Léon Marchand ! Même étonnement pour l'intérêt manifesté pour certains sports dont la plupart ne connaissent même pas les règles.

‍Sommes-nous pour autant devenus une Nation de sport ?

Les JO de Paris ont démontré que la France domine les sports collectifs. A part quelques contre-performances en hand et foot féminin, nous avons tenu la dragée haute aux meilleurs, notamment en basket hommes, femmes et 3x3, résistant brillamment  aux Ligues professionnelles américaines. Mais si notre pays obtient de bons résultats, notre athlétisme, sport roi de l'olympisme, reste à la traîne et nous n'avons gagné qu'une seule médaille d'argent, sur 100 m haies avec la hurdleuse Cyrena Samba-Mayala.

David Douillet, ancien médaillé olympique et ancien Ministre des sports résume la situation du sport dans notre pays par cette formule lapidaire : " les Français sont sportifs mais la France n'est pas une nation sportive". Selon un sondage- RMC  /X, 72% des français ne feront pas plus de sport après les Jeux.

Pourtant selon  le site britannique "Greatest Sporting Nation", en prenant en compte les résultats lors de grandes compétitions internationales (avant les JO de Parjs 2024) dans 75 disciplines, la France se classait en 2023 en deuxième position des nations sportives.

Historiquement, la France figure à la cinquième place des nations les plus médaillées aux Jeux olympiques. Comparativement à sa population totale, elle a un ratio très élevé en termes de résultats sportifs et de médailles au niveau international.

Cependant, si l’Hexagone se distingue dans le sport de haut niveau, qu’en est-il de l’accessibilité à tous et à toutes des différentes disciplines ? Certains champions olympiques, tels Teddy Riner ou encore Florent Manaudou, ont déclaré que " la France n’est pas un pays de sport".. Ils pointent notamment le manque de reconnaissance dont bénéficie la culture sportive et jugent insuffisant le nombre d’heures de cours d’Éducation physique et sportive (EPS).

La politique française du sport en France avait véritablement pris son envol après les résultats décevants des JO de Rome en 1960. Le Général de Gaulle et le fameux Colonel Crespin avaient alors élaboré un modèle sportif, inspiré de Pierre de Coubertin, construisant une élite sportive tout en élargissant la masse de pratiquants.

Une Nation sportive ne repose pas que sur les résultats de son élite. L'évaluation de la culture du sport d’un pays, vue qu' à travers le prisme de ses résultats dans les compétitions de haut niveau , est réductrice. Il faut aussi examiner les normes et les valeurs partagées par l'ensemble de la population, de l'école à l'EHPAD !

La majorité des élèves ont seulement entre 2 et 4 heures de sport par semaine. Au-dessus de la moyenne européenne. Face à cette situation, le gouvernement a voulu réformer la pratique du sport à l’école en rajoutant, en 2024, deux heures de sport supplémentaire par semaine et en rendant l’activité physique quasi-quotidienne pour les élèves.

Actuellement, les écoles françaises sont censées expérimenter  30 minutes d’activité physique quotidienne . Or, la ministre des Sports et des Jeux Olympiques, Amélie Oudéa-Castéra démissionaire a déclaré en septembre dernier que 10 à 15% des établissements scolaires n’appliquaient pas cette mesure.

On peut alors supposer que le manque d infrastructures, le personnel insuffisant ou encore le volume horaire des classes peuvent être mis en cause. L’autre moyen qu’ont les jeunes à leur disposition pour pratiquer une activité physique et sportive, c’est de s’inscrire dans des associations sportives, non affiliées aux établissements scolaires. Là aussi pas suffisamment d'infrastructures, et il faudrait rénover de nombreux stades et construire plus de gymnases multifonctions.

On devrait idéalement ouvrir les portes des écoles aux associations sportives et y faire rentrer les clubs en accord avec les enseignants. Vaste programme...

Last but not least, le modèle de la compétition ne correspond plus aux attentes des plus jeunes. Selon les chiffres de l’INJEP (Institut National de la Jeunesse  et de l'Éducation Populaire) seulement 10 % des 15-29 ans déclarent pratiquer une activité sportive pour des motifs liés à la compétition et à la performance. Les sports loisirs et santé sont désormais privilégiés ce qui impacte alors la catégorisation de notre pays en Nation de sport. On constate même la généralisation du zapping sportif et l'incapacité de nombreux jeunes d'aller jusqu'au bout d'un match. Le CIO se penche actuellement sur ce problème et intègre à titre d'essai de nouveaux sports.

Sources :une enquête de Guillaume Dietsch (Université Paris Est Créteil - Val de Marne) et etude de l'INJEP

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