le 19 octobre

Peu de clubs en France ont ouvert leur capital aux socios, ces supporters qui investissent dans un club sans toucher de dividendes et très souvent sans  participer aux organes de direction. Très peu de clubs ont leur stade à leur actif ( à part Auxerre et l'Olympique lyonnais en Ligue 1), la question de les céder à des investisseurs privés et des associations de socios ne se pose donc pas encore. Seuls les centres d'entraînement, l'immobilier du siège ou de l'immobilier résidentiel pour les joueurs pourraient être valorisés et vendus.

Mais qui mieux qu'un supporter peut investir dans un club pour l'aider, sans exiger un retour sur son investissement. On a plus l'habitude de voir des supporters en bus mettre le feu à un péage (l'Olympique lyonnais l'an dernier) que les voir débourser une partie de leurs économies pour leur club .

En 2017 Guingamp encore en Ligue 1 ouvrait le premier son capital. Une initiative de Bertrand Desplat, son président à l'époque. Pour devenir "un kalon" (un socio à Guingamp), 15 200 personnes avaient déboursé chacun 40 € pour une levée totalisant 600 000 euros.  Faible résultat et les supporters n'ont pas eu de sièges au Conseil d'administration.

Une Fédération Socios de France (FSF) a été officiellement lancée le lundi 25 mars ; l’idée des  "Socios", est de faire peser les supporters  dans la gouvernance de ces derniers en apportant du capital et donc une capacité, en tant que  supporters actionnaires, au moins relative, à donner un avis vis-à-vis des décisions, des grandes orientations.
la FSF veut porter haut les valeurs de l’actionnariat populaire afin de faire face aux dérives du football moderne.

En Allemagne un club de football de la Bundesliga, St Pauli, innove et sort des sentiers battus en matière de financements, en utilisant un de ses actifs le stade le Millerntor Stadion. Le club, ancré à gauche, a grandi dans le chaos. Dans les années 80, une culture alternative de supporters s’est formée autour des squats de la Hafenstrasse à Hambourg. Elle a choisi ce club de quartier comme objet de convoitise. Dans de nombreuses autres villes d’Allemagne, les scènes de supporters étaient caractérisées par des hooligans qui se faisaient remarquer par leur comportement autoritaire et nationaliste et par des affrontements violents avec d’autres supporters. À St. Pauli, en revanche, un groupe de supporters alternatif de gauche s’était formé et avait connu une croissance constante grâce à l’absence de violence et de néonazis.

Après sa faillite, le club s’est battu pour revenir de la quatrième division à la deuxième, puis cette saison en première. Aujourd’hui, on dénombre en moyenne 29 500 fans par match qui viennent au stade Millerntor. Le club est toutefois  resté à gauche et à St. Pauli, il n’est pas question de faire appel à de gros investisseurs ou à des Fonds d'investissement. Au lieu de cela, le club a lancé une coopérative afin de résoudre ses difficultés financières grâce à la vente inédite de son stade à ses supporters. Une forme de financement participatif et social. Qui ouvrirait 4 places au CA du club à ces supporters. En pratique l'équation suivante doit être résolue : vendre 20 000 actions à 850 €.

‍
La coopérative espère même récolter 30 millions d'euros. Chaque dossier d'acheteur potentiel est examiné par le CA. Le Millertnor Stadium (30 000  places debout) est évalué à 60 millions d'euros et sera ensuite loué au club. Chaque membre a le même poids, quelque soit sa participation financière, dans la gestion de l'investissement.

Dans tous les cas de figure, club et/ou stade,  tous pensent que le sport est un bien commun qui doit appartenir au plus grand nombre. Et qu'il faut démocratiser l'investissement des fans dans le sport de haut niveau.

‍